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Surfant sur la vague de succès de Marillion, Galahad fut créé en 1985 en Angleterre (souvenez-vous, c’était l’année de sortie de "Misplaced childhood"). Galahad fit donc partie du renouveau progressif dans les années 80. Il faut dire qu’ils avaient une bonne base en la personne de Stuart Nicholson, dont l’organe vocal est à situer entre le Fish des débuts (il est devenu utile de préciser) et Peter Nicholls d’IQ (pour situer, en 1985 ils publiaient "The wake"), tout en ayant sa propre spécificité : chargée d’émotions et puissante à la fois. Il a d’ailleurs postulé au poste de chanteur de Marillion au départ de Fish, mais n’a pas été retenu. Tant mieux pour ses copains de Galahad, et tant mieux pour la découverte que fut Steve Hogarth. Les années passant, ils ont réussi à se forger une bonne réputation, forts d’albums très aboutis tels que "Following ghosts" (1999) et "Year zero" (2002).
Venons-en donc à ce concert polonais. Stuart Nicholson se présente à nous vêtu d’une robe noire de prêtre dotée d’une énorme croix rouge sur le dos. De petite taille, la bouille plutôt ronde et dégarnie, avec quelques vagues airs de Phil Collins, le crâne hérissé de cheveux teints en rouge orangé, les yeux cerclés de noir et les ongles recouverts de noir eux aussi. On sent tout de suite qu’on ne va pas voir un défilé de chez Armani, et c’est vrai qu’il ferait presque peur… Mais pas de doute, dès les premières notes qu’il chante, je reconnais bien ce timbre si particulier que je n’avais pu entendre que sur disque. Et tout au long du DVD, il fera preuve d’une vraie présence scénique, malgré les très nombreux ponts musicaux. La set-list présentée ici est constituée pour la plupart de morceaux du nouvel album prévu dans un avenir proche "Empires never last", complétés de certains des meilleurs représentants de leur discographie : le tubesque "bug eye", les 4 parties de l’ambitieux "year zero" et le plus ancien "sleepers" (le meilleur morceau de l’album éponyme). Il y a peu de morceaux, mais ils sont tous très longs, on n’est déjà pas trompés sur la quantité.
Précisons-le tout de suite, Galahad a conservé quelques traits caractéristiques du néo-progressif, à savoir la théâtralité du chanteur, des riffs caractéristiques et certains sons et tics aux claviers. Cependant, ils ont au fil du temps ajouté des éléments qui montrent que le groupe sait évoluer. Le claviériste Dean Baker par exemple n’est pas un grand virtuose, mais il comble ce défaut en gorgeant fréquemment la musique de séquences amples et planantes au clavier, parfois en boucle, et s’y entend pour composer des mélodies souvent aussi simples qu’imparables. Quelques sonorités vaguement technoïdes viennent de temps en temps compléter le tout avec bon goût.
Sur le plan visuel, le concert est à couper le souffle, avec un light-show coloré digne des plus grands, ainsi que des projections. J’espère vraiment pour eux que l’investissement sera rentable. Les tarifs sont sans doute plus raisonnables en Pologne, ce qui expliquerait que l’on trouve de plus en plus de témoignages live en provenance de ce pays, notamment chez Metal Mind.
Parmi les nouveautés, "empires never last" est vraiment une tuerie d’la mort d’sa race, ce qui signifie en termes plus châtiés (donc convenant mieux à la ligne éditoriale de Koid'9) que je l’ai beaucoup apprécié (on n’a par exemple pas le droit d’écrire que "ça déchire sa mère grave", non, on peut pas). Dans une veine plus heavy qu’à l’habitude, on est transporté d’un bout à l’autre. Et les autres nouveautés sont vraiment alléchantes. J’attends donc le nouvel album avec une réelle impatience.
Je regrette que les échanges avec le public polonais assis confortablement soient limités au strict minimum. Tout juste quelques "thank you" cinglants du chanteur viennent ponctuer les très longs morceaux, ça manque un peu de chaleur. Je suppose que l’on peut mettre ceci sur le compte de la forte concentration due, d’une part au tournage du DVD, et de la restitution des nouveaux morceaux d’autre part. Les prises de vues sont variées et toujours bien choisies. De toute façon, dans la musique de Galahad il n’y a que peu d’interventions solistes, car leur force tient vraiment à la cohésion du groupe.
Le show, en plus de l’habituel fourre-tout constitué d’images filmées avant et après le show et d’une interview en anglais non sous-titré, est complété de nombreux bonus audio tirés des sessions du nouvel album, pour en donner un avant-goût. Tout ne m’a pas paru aussi réussi que les nouveaux morceaux joués lors du concert. Le package est proposé soit en simple DVD, soit accompagné d’un CD. En résumé, voilà un DVD dont je n’attendais à priori pas grand chose, et en réalité, c’est une franche réussite. Du grand et beau spectacle. J’attends maintenant la sortie de l’album studio.
Michael Fligny
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