Gambit : Machiavelique (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)

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Les amateurs de la fameuse série britannique "Chapeau melon et bottes de cuir" ("The Avengers" en v.o.) seront aux anges, un groupe de prog' (français, de surcroît) porte le nom de Gambit. Sauf que ce n'est pas en référence à l'acteur Patrick Macnee, emblématique alter ego de la belle Emma Peel (ou Tara King, Rhonda, Purdey,suivant les saisons) (NDW : euh ... Patrick MacNee a toujours jouĂ© le rĂ´le de "John Steed", le personnage de "Gambit", incarnĂ© par Gareth Hunt et dĂ©cĂ©dĂ© le 14 mars 2007, n'est apparu que dans la dernière mouture de la sĂ©rie avec "Purdey"), mais au terme d'échecs qui signifie littéralement "sacrifier une ou plusieurs pièces, dans un but précis : remporter la partie".

La pochette de leur 1er CD autoproduit, "Machiavélique", représentant une truculente caricature de Nicolas 1er (affublé de sa couronne aux symboles des 4 principales religions du monde), affiche clairement la couleur. Signée Phil Umbdenstock (créateur notamment des plus belles pochettes d'Ange), celle-ci est extrêmement courageuse en ces temps de "politiquement correct". L'histoire ne dit pas si notre cher Présipotent l'a trouvé à son goût, ni même s'il écoute autre chose que sa dulcinée, Enrico Lachiasse, Jeauni Alité ou Mireille Lachieuse (entre autres "chefs-d'?uvre" de la variétoche alimentaire destinée à la ménagère de moins de 50 ans) ! "Mais pourquoi donc cette pochette ?" vous entends-je déjà demander. Le Gambit sacrifiant une ou plusieurs pièces dans le but précis de remporter la partie, le rapport avec la politique gouvernementale actuelle me semble évident. D'où la corrélation avec la musique, qui demande également beaucoup de sacrifices? Tous les musiciens de Gambit ont été sauvés in extremis, pour des raisons encore inexpliquées, d?internement dans les hôpitaux psychiatriques de la région? "Pourvu que ça dure !!!" Est-il utile d'en dire plus ?

Parlons plutôt de ce 1er essai discographique et levons tout de suite le suspense en le qualifiant tout bonnement d'enthousiasmant. Probablement le 1er groupe de rock "Régressif", affiche le groupe dans le (superbe) livret conçu par le chanteur ! Sur des textes tour à tout poétiques, sociologiques (voire politiques) ou même truffés de jeux de mots truculents (mention spéciale à "gars laxiste" et son refrain "Je suis athée comme une tasse"), le quintette antibois tisse une toile musicale très ambitieuse. Fondamentalement rock à la base, la musique se rapproche du travail d'un Ange (ceci expliquant cela). C'est évidemment la première influence du groupe (cf. interview) mais pas la seule. Le groupe cite aussi bien évidemment Pink Floyd, Marillion voire Porcupine Tree. Le disque montre un combo bien soudé (cela fait quand même 10 ans qu'ils jouent ensemble), aucun instrumentiste de prenant le pas sur l'autre. Citons tout de même le chant très inspiré de Philippe Sireix, organe grave puissant, également capable d'aller fort loin dans les aigus, sur des textes magnifiques qu'il écrit majoritairement (3 sont cependant signés du batteur Gérald Garnier). Ce dernier, qui compose les textes les plus "engagés" et les jeux de mots les plus délirants ("plus c'est gros plus c'est very dick" sur le morceau titre !) pratique un jeu de batterie puissant mais fin à la fois, signe d'une maturité musicale forte (on est loin de certains bûcherons). Il est épaulé par le jeu de basse sobre et efficace de Jean-Luc Simon, qui fortifie grandement la section rythmique. N'oublions pas les deux mélodistes du groupe : Stéphane Chefdeville aux guitares, qui délivre de rares mais succulents soli, tout en finesse et en concision et assène des riffs décoiffants et Stéphane Guenoun aux claviers, fortement inspiré par Mark Kelly (Marillion), qui fait preuve d'une recherche permanente de sons originaux et de phrasés peu communs.

Un petit mot sur la production, signée Nicolas "Nikhertz" Barlet, qui est très pro, presque un modèle du genre. Tous les instrumentistes sont fort bien mixés, ce qui est rare pour une première ?uvre. L'ingénieur du son connaît son boulot et cela s'entend. Gambit ? Une pièce maîtresse sur l'échiquier musical mondial ! L'avenir nous dira ce que le second effort discographique du groupe donnera mais, à avoir eu la chance d'écouter 4 nouveaux morceaux en répétition, je peux vous affirmer que le groupe y enfonce le clou d'un progressif puissant, engagé ("le manège en chantier", magnifique et futur classique), et s'essaie même aux formats longs ("la course contre le temps" qui dure pas moins de 12'). Souhaitons au groupe de trouver de nombreux concerts (la région sud-est étant peu propice à notre genre de prédilection), voire de festivals. Personnellement, je verrai bien un double concert Gambit / Elora, ou une prochaine participation au festival Prog'Sud, comme les petits marseillais cette année. Alors croisons les doigts et je vous convie à aller écouter le travail du groupe sur sa page Myspace, sur Pepita (où l'on peut également télécharger l'album ou même un seul morceau si l'on veut pour le prix d'un sms surtaxé !) ou sur leur fesse-bouc ! Et à le soutenir activement en commandant leur CD, vendu au prix d'ami de 10 ? (+2 ? de frais de cochon) pour plus d'une heure de (très bonne) musique.

http://www.myspace.com/gambitband06

http://fr.pepitastore.com/member.php?uid=90978

Renaud Oualid

A lire, également réalisés par Renaud et parus dans le même numéro de Koid9 :
- l'interview du groupe réalisée en mai 2010
- le compte-rendu du concert Ă  Antibes en avril 2010






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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