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Après tant d'années de service (de ravages ?) en tant que chanteur-batteur, Phil Collins a décidé de quitter le vaisseau Genesis qu'il commandait depuis 1975 en amiral tout puissant. ENFIN ! Pour le bien de tous ! La preuve en est là: ce nouvel album de "Banks-Rutherford-Wilson" alias Genesis est un nouveau départ, une quasi résurrection, bien plus profond que "We can't dance" ou "Invisible touch", marqués eux du sceau commercial, indélébile débile de Sir Collins. Pour un groupe qui avait composé des hymnes au divin ("watcher of the skies"), s'allier avec une marque automobile 20 ans plus tard, quelle désillusion pour les fans rêveurs ! Enfin la page est tournée, pas complètement certes : on ne peut pas guérir du jour au lendemain de 20 ans de Collins-ite aiguë ! On leur pardonne ainsi bon nombre de titres "gentils", plus commerciaux, car dans un monde où nos moindres désirs sont guidés insidieusement par le marketing, il faut bien vivre et donc vendre. Ils ne s'y sont d'ailleurs pas trompés en conservant le nom Genesis, synonyme de royalties assurées. "Congo" (s'il suffit de baisser le volume pour finir une chanson, alors nous sommes tous des artistes en puissance !) est bien ficelé, tout comme "shipwrecked", "if that's what you need" et "small talk" qui confirment que la machine à tubes fonctionne toujours aussi bien, huilée abondamment il est vrai par le savoir faire du mécanicien Mike Rutherford.
Le volet moins commercial commence par ce nouveau chanteur écossais (tiens donc, lui aussi), Ray Wilson (ex-Slitskin) puisque sa voix n'a rien à voir avec celle de son prédécesseur. Ce qui traduit leur volonté de regarder vers l'avenir. Une voix tour à tour intimiste ou puissante qui en plus co-compose certains titres. Les morceaux les plus "progressifs" reprennent le flambeau là où "fading lights" l'avait laissé. "Calling all stations" affirme la nouvelle identité du trio, le très aérien "alien afternoon" commence innocemment et se termine par un instant de folie furieuse (écoutez ce changement de rythme : Phil doit être vert de jalousie), "the dividing line" enfonce le clou avec ce son de clavier qui est devenu une marque de fabrique (et quel rythme !) tandis que "there must be some other way" et "one man's fool" permettent à nos compères, en particulier Tony Banks, de s'exprimer pleinement. Et c'est là que la magie opère, ce génie introverti s'éclate comme sur "Foxtrot". Son âme vole enfin librement et nous communique sa joie de vivre = bonheur retrouvé.
Le souvenir le plus présent de Phil Collins reste ce son de batterie énorme, imité à la perfection par des requins tels que Nir Zidkyahu et Nick D'Virgilo. Il était difficile de s'en passer, c'est vrai, et nos amis ont compris qu'il ne fallait faire table rase des bonnes choses.
Le tout est produit impeccablement par Nick Davis (souvenez-vous, "Seasons end" de Marillion) + Banks + Rutherford. Nos vieux compères viennent de signer là un beau pied de nez à Phil, car cet album retrouve maintes fois une émotion authentique, laissant parler simplement et sincèrement leur sensibilité, auparavant trafiquée à des fins mercantiles. En attendant la tournée, on peut rêver avec le "and then there were two" + Ray Wilson Band! Eux, au moins, ils "dansent dans la lumière" !
Guillaume Bernard
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