Gerard : Live In Marseille (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°30)
Attention, ce live est une véritable tuerie qui ne laissera (sans trop les malmener toutefois) aucun répit à vos oreilles inondées durant 45 minutes d'un déferlement de notes, de décibels, de rythmiques et de breaks infernaux (les plus provinciaux d'entre nous risquent fort de faire tourner le lait des vaches en cas d'écoute surboostée !) En effet, le claviériste Toshio Egawa et sa bande ne font pas dans la dentelle ni dans la ballade sirupeuse, mais oeuvrent bel et bien dans le registre du progressif le plus dense et le plus survitaminé (même un Ars Nova live en comparaison ferait figure de musique de chambre !). Les huit titres totalement instrumentaux de l'album enregistrés donc à "L'affranchi" de Marseille avec les français d'Eclat en 1ère partie (dont le live vient également de sortir) sont issus majoritairement des deux derniers opus "Pandora's box" et "Meridian", ainsi qu'un titre de "The pendulum" et un autre extrait de l'album solo de Toshio Egawa "Save knight by the night". Ils présentent donc le versant le plus énergique de l'oeuvre de Gerard (Y a t-il seulement un versant "calme" ?) à savoir des compositions toujours sous tension, pleines de relief et de rebondissements, servies par des instrumentistes talentueux et au "top" sur le plan technique. Mais la force du groupe réside essentiellement en la personne du leader claviériste Toshio Egawa qu'on ne présente plus et qui n'a plus rien à prouver question virtuosité (Le bonhomme continue d'ailleurs à ne pas s'en priver !). Comme d'habitude, comme sur tout bon disque de Gerard qui se respecte, les claviers sont mis à l'honneur (amateurs de "Keyboard's heroes" méga-speedés, ne passez pas à côté de ce groupe !), toujours grandiloquents et symphoniques, parfois utilisés en guise de guitare électrique au son bouillonnant et saturé (ex la partie finale de "chaos"). Pour les novices, il faut savoir que Gerard, à l'instar d'un ELP est une formation en trio basse/batterie/claviers, et que le bassiste Atsushi Hasagawa ne fait pas de plan à la six cordes façon Greg Lake ! Les claviers donc sont soutenus par une section rythmique étourdissante (breaks nombreux, basse grondante, les deux instruments toujours en parfaite harmonie). L'interprétation des huit compositions épiques du disque (avec entre autres des bombes comme "into the dark", "the act of apostles", "pandora's box"...) sont époustouflantes de précision et de puissance, et rendent bien compte de la qualité des prestations scéniques du groupe. Voilà donc un disque que je conseillerai à la fois aux néophytes (excellente introduction à l'oeuvre du combo nippon) et aux amateurs endurcis les plus accrocs. De plus, au delà de ses qualités musicales évidentes (on pourrait seulement reprocher une trop grande homogénéité niveau panoplie de sons), le disque est avantagé par une production formidable et un son énorme qui en mettent "plein la vue" (prise de son et mixage classieux), ce qui faisait défaut par exemple au pourtant très bon "Méridian". Pour conclure, je dirai donc que ce disque est totalement indispensable aux fans les plus masos du tympan: pour ceux là, et pour les autres, Gerard vous "met le feu" à Marseille. Philippe Vallin |