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En trois ans et de subtils changements de personnel, Gordian Knot n'aura finalement changé que de manière… subtile. Une quasi-stagnation stylistique en ce qui les concerne est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle ? En fait, un peu des deux. Car les structures sont toujours agréables, ce mélange jazz-rock-métal sombre dirigé de main de maître par la basse (et le stick) de Sean Malone fait de nouveau merveille. Mais l'effet de surprise passé, on en est plus ou moins réduit à voir se répéter le même morceau.
D'autant que ces changements de personnel ne sont pas toujours judicieux artistiquement parlant. C'est probablement très bon en terme de marketing d'associer au projet les doux noms de Genesis, King Crimson, Cynic ou Fates Warning, mais encore faut-il que les prestations de chacun soient à la hauteur, et soient en accord avec l'esprit du disque.
A priori, on pourrait penser que chaque invité prend sur lui de défendre le projet artistique auquel il participe, mais force est de constater que tous ne se sont pas investis au même niveau. Un, en particulier, semble même être intervenu en dilettante, loin de toute ambition artistique. Applaudissements, s'il vous plaît, pour monsieur Steve Hackett ! Tout au long de ses trois minutes de présence sur l'ensemble du disque, Hackett ne nous délivre pas une once du talent que l'on peut lui connaître. Ses interventions sont parfois bruitistes, souvent banales, et ne participent jamais de la dynamique du titre. C'est bien regrettable…
Fort heureusement, il est le seul à rentrer dans cette catégorie. Même Jim Matheos est dans l'ensemble plus inspiré, et en particulier sur "fischer's gambit". Mais aucun guitariste ne tire son épingle du jeu comme l'ex-Cynic Jason Göbel (on notera que tous les membres du groupe originel de Sean Malone se retrouvent sur le disque) qui brille quasiment de bout en bout du disque.
Autre invité prestigieux, Bill Bruford, qui intègre le projet en complément de Sean Reinert, a trouvé en Sean Malone un partenaire idéal. Les deux sont au diapason, et sont autant à l'aise sur les morceaux typiquement jazz ("the brook the ocean") que sur les plus rock ("a shaman's whisper"). Malgré les richesses harmoniques de l'album, on en vient parfois à ne plus prêter attention qu'à cette rythmique terriblement solide et efficace, inventive et variée. C'est avec cette rythmique inédite que Gordian Knot revisite le titre "reflections" du premier album. Au détour des variations mélodiques, "a shaman's whisper" illustre clairement les choix de production faits sur ce disque. Des choix bien plus heavy, alourdissant parfois démesurément les guitares rythmiques, et faisant trop parcimonieusement appel à une orchestration acoustique en contrepoint, comme c'était souvent le cas précédemment.
Pour faire écho à ce premier opus, "Emergent " compte comme lui quelques respirations, des moments de solitude pour le bassiste en charge. Si le premier titre, "arsis", est anecdotique, servant en fait à introduire le thème de "muttersprache", la langue maternelle, qui va définir la base du langage musical de la suite de l'album, puisque tous les morceaux qui suivront dériveront des riffs de "mutersprache". Tous sauf "grace", le second moment solitaire de Sean Malone, enregistré en concert, superbe quoiqu'un peu long.
Mise à part la présence inepte de Steve Hackett, et une production peut-être un peu trop lourde, ce second Gordian Knot est donc une indéniable réussite! Si à la place de l'ex-Genesis, Sean Malone avait de nouveau fait appel à Trey Gunn, "Emergent" aurait pu être aussi inoubliable que son prédécesseur. Mais on sera déjà bien assez heureux de se contenter de celui-ci !
Daniel Beziz
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