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Bien évidemment, comme chaque fois qu’on a affaire à Amarok, il faut préciser le pays d’origine, car il y en a plusieurs. Ici il s’agit du groupe espagnol, qui a décidé de s’appeler comme ça non pas en hommage à Mike Oldfield, qui après tout n’est pas l’unique dépositaire du nom pour l’avoir utilisé pour nommer une de ses plus belles réussites, mais simplement parce que ce mot signifie "loup"en langage inuit (esquimau si vous préférez). Et que le loup symbolise la nature, la force et la liberté, ce n’est pas le petit chaperon rouge, ni son idiote de mère-grand (tiens, c’était pas du verlan avant la lettre, çà ?) qui me contrediront.
Cet Amarok là présente deux facettes essentielles qui en font une formation unique en son genre. Tout d’abord il y a ce chant en espagnol interprété avec chaleur et ferveur par Marta Segura, au timbre clair et très typé (espagnol, bien sûr). Par moments, elle est soutenue vocalement, de manière moins convaincante à mon goût, par le guitariste et le flûtiste. L’autre point fort est le talent fabuleux du dénommé Robert Santamaria, le compositeur principal, qui est capable de jouer d’une multitude d’instruments, certains relativement modernes, comme les claviers (Piano, Hammond et Mellotron en tête) non majoritaires en temps de présence, et une foule d’autres liés aux traditions de différents pays, dont la liste suffirait à remplir le Koid'9, et dont pour certains on ne trouve même pas le nom dans le dictionnaire Petit Larousse édition 2003, c’est dire... Il faut dire que le bougre accumule les heures de vol dans ce domaine, et que de plus il participe à plusieurs projets en tant que producteur ou musicien, pour des groupes de rock ou de folk. Il compose également des musiques pour des programmes audiovisuels, ayant généralement trait à la nature, les petits oiseaux, les lapins qui gambadent dans les prairies, bref on est un peu éloigné de l’univers si attachant de Marylin Manson... (Marylin, si tu nous lis, je précise qu’il n’y a là rien de personnel contre toi. S’il te plait, ne me mords pas…) D’autres musiciens, eux aussi férus de terres lointaines et de leurs modes d’expression musicale et disposant de surcroît d’une solide base classique, leur prêtent main forte pour constituer un ensemble de 7 personnes et tout ce beau monde délivre une musique totalement incroyable. J’étais déjà en possession de "Tierra de especias", leur précédent ouvrage, mais ce 5ème élément de leur discographie le surclasse haut la main, malgré quelques faiblesses dans la production qui ne rend pas toujours l’hommage nécessaire à tous les instruments. Les parties chantées, un peu moins présentes et plus pertinentes, ainsi que l’élimination de quelques longueurs, aboutissent à un résultat parfaitement dosé et passionnant de bout en bout. Dans ses versants les plus méditerranéens, la vie de ma mère, c’est l’ambiance danse du ventre garantie. On songe fréquemment aux non moins remarquables suédois d’In The Labyrinth en version espagnole, avec un penchant moins net pour les musiques de l’Inde et donc une plus grande ouverture d’esprit, et avec un côté acoustique plus prononcé, mais non dépourvue d’énergie communicative (comme sur la superbe suite de 10 minutes "Tierra austral", pleine de contrastes et digne du meilleur d’Isildurs Bane), donnant toute sa saveur à ce plat généreusement épicé.
Une curiosité à découvrir sans tarder, pour les retardataires.
Michael"lunatique"Fligny
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