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Trey Gunn fait partie de la famille King Crimson depuis 1994. Et son apport aux sonorités actuelles du roi pourpre, grâce à son jeu de Chapman stick et de guitare Warr est énorme, bien que pas évident au premier abord. Pour vous en convaincre, visionnez donc la version de "vrooom vrooom" figurant sur le DVD "Deja VROOOM", qui, grâce à sept angles différents, présente l'intéressante particularité de permettre à l'auditeur de se mettre à la place de chacun des musiciens. Optez pour "Trey's angle", et Trey apparaîtra seul à l'écran, le son de sa guitare Warr émanant de la voie centrale, à l'instar d'un retour de scène, les autres musiciens occupant l'espace sonore ambiant. Il fait de la dentelle !
Outre King Crimson, Trey participe à d'autres projets, comme ce "Zooma", de l'ex Led Zeppelin John Paul Jones ou le "Gordian Knot" de Sean Malone, et trouve encore le temps de faire vivre son propre groupe, Trey Gunn Band, avec lequel il a sorti six albums ces dix dernières années. Une vraie nébuleuse !
Pour mieux connaître ce grand musicien et technicien avéré de cet instrument étonnant qu'est la guitare Warr (du nom de son concepteur, Mark Warr. Le principal intérêt de la "Warr Guitar", est qu'à l'instar du piano, l'instrument d'origine de Trey, on produit un son avec un seul doigt, qui frappe la corde, alors qu'il en faut deux sur une guitare), voici ce "Untune the sky", qui, sans être une compilation, est une rétrospective des six albums solo de Trey, contenant des versions alternatives ou live, mais aussi un nouveau morceau de 9 minutes : "the cruelest month". Habitués aux packaging luxueux, InsideOut nous gratifie ici en plus d'un DVD contenant des enregistrements live de qualité variable, une interview et des montages vidéo.
Trey a choisi les morceaux présents sur ce CD de manière très personnelle, retenant ce qui lui semblait le meilleur, à lui personnellement, que cela ait été ou non déjà publié. Dans un second temps, et bien que peu adepte des versions alternatives, il a remixé certains morceaux en estimant que cela apporterait un "plus" aux versions originales. Ce fut le cas pour "the third star" et "take this wish".
Bien que peu chanté, c'est Trey qui prend en charge les rares parties vocales de cet album, ainsi bien sûr que ses deux instruments de prédilection : la guitare Warr et le Chapman stick. A ses côtés, on trouve, selon les morceaux Pat Mastelotto, Bill Rieflin et Bob Muller à la batterie, aux percussions et aux tablas, dont un brillant solo figure sur "take this wish" 'issu de l'album "One thousand years", Dave Douglas à la trompette et Tony Geballe aux sax. Celui-ci assure également partiellement la guitare, un rôle partagé avec Joe Mendelson et Robert Fripp, qui prend en charge les sons plus éthérés, et toujours produits par une guitare, un art dans lequel il est passé maître, avec ses "Frippertronics".
Bon, avec tout ça on ne sait toujours pas à quel genre cette musique s'apparente, me direz-vous. Et vous aurez raison ! Mais à rien, camarade. A rien et à tout à la fois, du jazz au rock, de Tangerine Dream à Fripp, Eno ou Herbie Hancock, à KC… A rien, si ce n'est du Trey Gunn. Et c'est ce qui fait toute la beauté de la chose. Faites donc comme le suggère l'artiste lui-même : placez cet album dans votre platine, le volume à un niveau raisonnable et installez-vous confortablement dans un fauteuil pour écouter. Transcendez la première approche, pas forcément facile, et écoutez ce jeu subtil, ces cordes frappées et non pincées, dont les vibrations ont encore des choses nouvelles à vous apprendre à la sixième ou la dixième écoute. Écoutez ces percussions complexes, cette basse grondante, cette guitare aérienne.
Si vous voulez éviter de passer à côté de ce très grand artiste qu'est Trey Gunn sans porter un coup de grâce définitif à votre porte monnaie, la bonne solution est sans conteste l'acquisition de ce "Untune the sky".
Benoît Herr
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