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Donner un successeur digne de ce nom Ă ''Aquarius'', telle Ă©tait la gageure que se devaient de relever les britanniques d'Haken. Il faut dire que pour un premier album, la barre avait Ă©tĂ© placĂ©e extrĂȘmement haute, les critiques ayant Ă©tĂ© majoritairement dithyrambiques sur la qualitĂ© de ce premier effort. Si comme moi vous aviez succombĂ© Ă des titres absolument imparables tels que ''streams'', ''drowning in the flood'' ou ''celestial elixir'', l'attente de ''Visions'' devenait insupportable dans une annĂ©e pourtant riche de quelques pĂ©pites.
Comme on ne change pas une Ă©quipe qui gagne, les membres du groupe sont toujours les mĂȘmes: le chant est assurĂ© par Ross Jennings, la basse par Tomas Mac Lean, la batterie par Raymond Hearne, les guitares par Charlie Griffiths et Richard Henshall (le principal compositeur du groupe), qui assure Ă©galement une partie des claviers en appui de Diego TeJeida.
Cet album, comme son prĂ©dĂ©cesseur, est un concept album : il raconte l'histoire d'un jeune garçon qui est victime de rĂȘves prĂ©monitoires. Lors de l'un de ceux-ci, il se voit mourir. A partir de ce moment, il va tenter d'Ă©viter Ă tout prix sa mort, croyant Ă la vĂ©racitĂ© de son songe.
''Premonition'' en guise d'introduction, est un instrumental qui reprend une bonne vieille recette du prog, Ă savoir nous distiller quelques mĂ©lodies que l'on retrouvera plus tard (Ă vous de trouver oĂč ...). Grandiloquent mais nĂ©anmoins excellent. Vient ensuite ''nocturnal conspiracy'', le premier morceau de bravoure de l'album du haut de ses treize minutes : la magie dĂ©couverte dans ''Aquarius'' opĂšre toujours, mĂ©lodies vocales impeccables, envolĂ©es musicales Ă©poustouflantes mais toujours maĂźtrisĂ©es, bref du grand art. Personnellement, la fin du morceau Ă partir de ''calling no witnesses to the stand'' me file la chair de poule Ă tous les coups. ''Insomnia'' (avec son passage ''Game boy'') sert de transition pour le plat de rĂ©sistance qui s'annonce Ă sa suite, l'indissociable triptyque composĂ© par ''the mind's eye'', ''portals'' un instrumental Ă©bouriffant (avec notamment plusieurs solos de guitares dignes de John Petrucci) et l'entĂȘtant ''shapeshifter''. ''Deathless'' permet de reprendre ses esprits calmement, et aussi de changer de style, ce titre et ses paroles Ă©tant trĂšs sombres et pessimistes. Nous voici enfin arrivĂ©s au bout du voyage mais la derniĂšre Ă©tape est loin d'ĂȘtre la plus courte et la plus facile Ă apprĂ©hender: ''visions'' dure vingt-quatre minutes, mais Ă aucun moment l'ennui ne pointe le bout de son nez. Seulement deux albums au compteur et nos anglais arrivent Ă sortir des compositions dignes d'un ''Octavarium'' ou ''A change of seasons'', ça laisse rĂȘveur et cela augure d'un avenir sĂ»rement trĂšs prometteur.
Moins surprenant qu'''Aquarius'', ''Visions'' est cependant plus abouti et moins dĂ©cousu dans sa construction. Les enchaĂźnements entre chaque titre sont mieux maĂźtrisĂ©, donnant une impression d'unitĂ© qui manquait lors de leur premier effort. C'est quand mĂȘme trĂšs agrĂ©able de se dire qu'il existe une relĂšve aussi talentueuse, alors suivez mon conseil et procurez vous d'urgence ce petit diamant (si cela n'est pas dĂ©jĂ fait !).
Ayant eu la chance de voir ce merveilleux groupe sur scĂšne Ă Loreley au Night Of The Prog, je rĂȘve que ce groupe ait la chance de pouvoir s'exprimer pour la premiĂšre fois dans notre beau pays. Et si Prog La Vie relevait le dėfi ?
Pascal Borodine
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