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Peter Hammill : Clutch (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°45)

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Comme il nous le confiait au cours de l’interview accordée mi décembre (que vous aurez pu lire dans le précédent numéro de Koid’9), Peter Hammill a cessé depuis longtemps de tenir le décompte des albums qu’il a enregistrés, tant en solo que sous l’égide de Van Der Graaf Generator.

Je vous demanderai donc, comme il l’a fait, de me faire confiance lorsque j’affirme que "Clutch" est la 44ème œuvre de notre artiste britannique !

Nous retrouvons avec "Clutch" la "patte" Peter Hammill, à savoir des textes abordant des sujets de société (plutôt graves, faut-il l’avouer) dont Peter a jugé important de parler, non pour se poser en donneur de leçons mais tout simplement parce que ces sujets lui tiennent à cœur, à titre personnel. Voici donc pour le fond, sur lequel je reviendrai dans quelques lignes.

Du côté de la forme, Peter a choisi pour cette cuvée 2002 d’en revenir aux sources en s’imposant l’usage exclusif de la guitare (acoustique), même si ses anciens compagnons de route Stuart Gordon et David Jackson contribuent respectivement, au violon ou au saxophone, à agrémenter de façon homéopathique quelques uns des morceaux.

Histoire d’enfoncer le clou, la pochette du disque représente les six cordes et le manche d’une guitare que Peter va étreindre ("to clutch" en anglais) neuf compositions durant avec, et la chose est remarquable, le même feu intérieur qu’il y a 30 ans.

Dès "we are written", première pièce de "Clutch", on retrouve cette façon si particulière qu’a Peter de choisir ses accords, en marge de la production musicale courante. On aime ou pas, mais une telle démarche est en tout cas fidèle au principe fondateur de Van Der Graaf Generator qui consistait à refuser la facilité.

Comme il le fait souvent également, probablement afin d’éviter le côté par trop dépouillé auquel le simple duo voix/guitare aurait inévitablement conduit, Peter a recours sur certains morceaux (à l’instar de "we are written" ou "crossed wire") à la superposition de multiples lignes mélodiques. Ce contrepoint est assuré par sa propre voix, chantant un ton au dessus ou avec un léger retard par rapport à la trame principale.

Peter assure également les chœurs, au besoin, comme sur "driven". Un album on ne peut plus personnel, n’est-il pas ?

Les 3 premiers morceaux que je viens d’évoquer développent le thème du destin, ou plus prosaïquement de l’avenir que chacun se construit par ses choix quotidiens. La providence et les miracles vantés par les moult et ineptes jeux télévisés qui caractérisent notre époque, ce n’est pas trop le fond de commerce de M. Hammill !

Avec "you once called me", Peter Hammill traite d’un sujet auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre, celui des enfants qui prennent leur envol et dont on a peine à se souvenir la dernière fois qu’ils nous ont appelé "papa".

"Ice hotel" est musicalement assez sombre et entêtant; il sera à ce titre plus difficile à "digérer" que ses prédécesseurs, un peu comme "this is the fall", d’ailleurs.

Avec "just a child" Peter aborde le délicat problème de la pédophilie, malheureusement ô combien d’actualité mais que peu d’auteurs ont osé aborder (on pourrait citer également Marillion avec le magnifique concept album "Brave" et en particulier le morceau "alone again in the lap of luxury", dans un style musical très différent bien entendu).

Parmi les sujets (moins dramatiques, quoique …) qui reflètent notre société, celui du culte de la minceur chez les femmes a retenu l’attention de Peter qui avec "skinny" dépeint le portrait d’un femme ronde pour qui la vue des magazines représente une torture quotidienne.

Le recours à une ligne mélodique plutôt douce, teintée de brefs fortissimos, traduit bien les affres ponctuant la vie de cette douce jeune femme, et que pourraient également évoquer le dernier morceau "bareknuckle trade", la vie n’étant somme toute qu’une longue successions de luttes à mains nues !

En guise de conclusion, si "Clutch" n’est peut-être pas le premier album à acquérir pour s’initier à l’œuvre de Peter Hammill, du fait de son caractère volontairement minimaliste, il jouxtera en revanche sans rougir ses illustres prédécesseurs dans votre discothèque. Vivement le 45ème !

Serge Llorente




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