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In The Labyrinth est vraiment un groupe pas comme les autres, un de ces groupes inclassables… Avec son nom faisant apparemment référence à un album de Dead Can Dance (un groupe avec lequel on peut effectivement faire un parallèle), ses influences souvent orientales malgré ses origines suédoises, le groupe de Peter Lindahl en est à son troisième album après "The garden of mysteries" en 96 et "Walking on clouds" en 99. Peu prolixe, Lindahl semble être un de ces personnages énigmatiques qui puisent leur inspiration dans des cultures étrangères (dont il est de toute évidence très bien imprégné) et prennent le temps de maturer le tout avant d’en tirer de la musique.
Accompagné de Hakan Almkvist du groupe Ensemble Nimbus (sitar, basse, guitare électrique, tabla, etc.) et de plusieurs autres musiciens invités, il nous invite avec "Dryad" à un voyage relativement similaire à celui proposé dans son deuxième album. "Dryad" c’est le dépaysement, l’évasion vers les pays légendaires racontés dans les Mille et Une Nuits… Une bonne dose d’orientalisme, de l’Afrique du Nord à l’Inde en passant par la Turquie et le Moyen–Orient, des références classiques (les orchestrations), quelques éléments de musique médiévale et une bonne dose de rock progressif bon teint, plus un soupçon de psychédélisme.
Cet album est majoritairement instrumental et se rapproche en cela davantage de leur tout premier qui, lui, l’était presque complètement. Ceci étant dit, les morceaux sont quand même plus longs que sur ce dernier, allant de 2 à près de 9 minutes, cinq dépassent les 6 minutes. N’allez cependant pas chercher de structures archi-complexes dans cet album, seulement des changements d’atmosphère et de rythme subtils mais rien de brutal ou d’inutilement alambiqué. La musique d’In The Labyrinth est assez fluide, envoutante, mystérieuse et aérienne, parfois très passionnée et plus énergique, jamais violente.
Les deux musiciens principaux sont soutenus par deux choristes aux voix éthérées et un percussioniste. Lindhal lui même assure une multitude d’instruments : flûtes, guitares électriques et acoustiques, basse, mellotron, synthés et échantillonneurs, viole de gambe et mandoline, cithare, saz (le luth turc), santour (joué sur un synthé) et effets sonores, plus les percussions… ça sera tout merci !! Et j’oubliais qu’il chante en plus ! Pas mal d’ailleurs. Manquant un peu de registre et de puissance, sa voix n’en est pas moins agréable et chaleureuse, et parfaitement juste. Néanmoins c’est dans les parties instrumentales que le groupe révèle tout son pouvoir évocateur.
Les morceaux chantés, malgré leurs textes assez sombres, sont les plus "légers" de l’album au niveau des arrangements. C’est dans le reste qu’on retrouve les atmosphères vraiment mystérieuses qui caractérisent le groupe. Mêlant le moderne et l’ancien, Lindahl et Almkvist aidés de leurs invités nous transportent dans une autre époque, d’autres contrées au-delà du Bosphore. On pourrait classer le groupe dans les musiques du monde si ce n’est que la musique, presqu’entièrement composée par Peter Lindahl, n’est en rien une simple série de reprises de traditionnels. Et les morceaux plus longs comme "nargal" avec ses orchestrations de synthés presque menaçantes, soutenues par le violon de Micke Lövroth et ses passages plus électriques appartiennent à un autre style et ce n’est pas une exception sur l'album !
"Dryad" me semble plus réussi que "Walking on clouds" en trouvant un meilleur équilibre entre parties instrumentales et chantées. Il possède aussi davantage de puissance dramatique. Sans être lugubre, la musique d’In The Labyrinth est parfois solennelle, parfois simplement rêveuse, parfois plus passionnée et davantage basée sur la rythmique mais les percussions orientales diverses (darbouka, tamboura, tablas, cloches, etc) ne sont jamais prédominantes. Le mélange de guitares électriques et de divers instruments à cordes acoustiques, de sitar indien (assez omniprésent), de flûtes et de synthés est plutôt inhabituel mais c’est tout le talent de Lindahl et de ses collaborateurs d’aboutir à une musique mélodique et cohérente avec de tels arrangements. Là est la véritable nature progressive du groupe. Pour qui est fasciné par l’Orient, voilà un album à découvrir absolument. Et pour les rares connaisseurs, déjà amateurs de ce groupe, vous ne serez certainement pas déçus.
Marc Moingeon
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