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Inquire : Melancholia (2003 - 2 cd - parue dans le Koid9 n°48)

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Ce nom-là n’est pas inconnu, puisqu’il s’agit du groupe allemand qui en 2000 avait déjà marqué les esprits avec son 2ème album, "The neck pillow". A l’époque, la laideur de la pochette (calculée ?) contrastant avec la richesse et l’ambition des compositions, ainsi que la qualité d’interprétation n’avaient pas manqué d’attirer l’attention. Et lorsque je le réécoute aujourd’hui, je m’aperçois que la petite flamme qui s’était immiscée dans l’esprit du modeste auditeur que je suis est encore bien frétillante. En fait "Melancholia" poursuit l’aventure à l’endroit où elle s’était arrêtée il y a 3 ans, continuant son œuvre riche en surprises, tout en gommant aux passages quelques lourdeurs du passé. Une fois de plus les rebondissements sont au rendez-vous et se succèdent sans ressentir et encore moins provoquer de lassitude. Tout semble couler de source tant les rythmes et les mélodies sont intelligemment trouvés et agencés ; le tout embelli par quelques bruitages donnant une vie supplémentaire aux morceaux. Le thème qui relie les 10 morceaux est inspiré de "la nausée" de notre Jean-Paul Sartre national. Eh, ne partez pas, restez un peu, il y aura des sacs plastiques pour tout le monde, ne vous inquiétez pas. Ah dès qu’ on ne parle plus de petits lutins et ni de méchants dragons, y’a plus personne !

Reprenons si vous le voulez bien. De toute façon, les problèmes philosophico-existentiels du personnage principal ne sont en fait qu’une trame de travail, l’essentiel du propos étant musical. En dehors de brefs passages récités en français (c’est sympa non ?) et de quelques moment chantés en anglais, bien mieux que précédemment d’ailleurs, avec un petit côté Pete Gab pas désagréable, le reste est entièrement dévoué aux instruments rock, qui s’en donnent à cœur joie, la guitare en particulier est flamboyante.

Le second CD est occupé par un unique morceau de 18 minutes intitulé "welcome to my rock and roll" (sic) et découpé en 5 parties, qui est une adaptation de la "3ème symphonie pour orgue de Louis Vierne, un organiste du début du 20ème siècle ayant longtemps officié à Notre-Dame, également compositeur à ses heures.

Décidément, on peut dire que la France est à l’honneur sur cet album. Il n’est sans doute pas faux d’affirmer que l’œuvre de ce compositeur est peu voire pas connue, donc la démarche est de prime abord intéressante. Il faut immédiatement préciser que le terme d’adaptation convient vraiment, car à l’écoute de ce morceau, et sans même connaître l’œuvre originale, rien ne pourrait laisser entendre que la trame de départ soit une symphonie pour orgue. L’instrumentation est exactement identique à celle du 1er CD, donc rigoureusement rock, les allergiques à la musique classique et ses dérivés seront donc rassurés. Et pour comble, l’orgue est carrément le parent pauvre sur cette composition qui n’en contient pratiquement pas, et là, je dois avouer avoir été un peu déçu car j’apprécie cet instrument. En dehors de trop courts passages, il semblerait que celui-ci ait été remplacé par d’autres sons de clavier (et par la guitare ?), qui pour le coup ne me paraissent pas judicieusement choisis, voire de mauvais goût sur certains passages des 2 derniers mouvements. Ne connaissant pas la pièce d’origine, il m’est difficile de mesurer le poids de l’adaptation par rapport au morceau initial, mais je pense que, bien qu’intéressant et réservant de bonnes surprises, le résultat me paraît un poil en dessous du 1er CD, sans doute cela est-il lié à un manque de liberté (découlant du procédé choisi d’adapter une œuvre existante), alors que c’est sans aucun doute cette liberté qui est la caractéristique la plus indispensable à l’esprit créatif d’Inquire.

Quoi qu’il en soit, il ne faudrait surtout pas rester sur ces restrictions toutes relatives, car cet album, fruit d’un groupe faisant preuve d’une grande maturité, vaut amplement le détour. Aux dernières nouvelles, pour des raisons personnelle Inquire a cessé toute activité ; souhaitons que ce ne soit pas définitif car l’Allemagne tient là un de ses plus talentueux porte-flambeau.

Michael Fligny




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