International Feel : International Feel (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°31)
Les exégètes l'auront compris, c'est à un grand fan de Todd Rundgren que nous avons affaire là et aussi à un membre éminent de La Vie En Rock, j'ai nommé Jo Drogo, qui nous a déjà gratifié de plusieurs articles très intéressants, notamment sur Todd . Auteur-compositeur, Jo se charge du chant, des claviers, des guitares et de la programmation, aidé par Manu Paquet aux guitares et programmations, Fan Graviloff aux percussions et Geneviève Geffraye à la flûte (seulement sur un titre malheureusement). Neuf morceaux composent l'album, très éclectiques au niveau des textes (poésie, français, italien, anglais) et de la musique proposée, toujours très progressive mais partant dans de nombreuses directions. Les références musicales de Jo sont évidemment Todd Rundgren, PFM mais aussi Yes, King Crimson, ELP, Genesis, Magma, Pink Floyd, bref le haut du panier progressif quoi ! Ainsi, l'album s'ouvre avec "revolver" (9:23), titre qui débute par un piano sobre et se termine dans un déluge électrique impressionnant. "Vampire" (5:28) est aussi très électrique et donne un bonne idée de la compétence du Manu Paquet aux guitares franchement superbes. Deux morceaux sont co-écrits au niveau des textes par le poète et écrivain Jean-Pierre Chambon (auteur de nombreux ouvrages et Prix International de Poésie 1996). Il va s'en dire que les textes de "revolver" et de "Rimbaud, la tentation du soleil" sont absolument magiques, de cette poésie française de haute volée qui se marie si bien au rock progressif de l'ami Jo. "Cieli infiniti" (4:09) est une tentative (heureuse) de renouer avec les groupes italiens des années 70, et notamment PFM pour ne pas le nommer. La flûte de Geneviève Geffraye y fait merveille sur un tapis de percussions et de guitares acoustiques et ce chant impeccable qui nous rappelle bien des souvenirs. "Intimate solitude" (6:09) commence comme un morceau du roi cramoisi époque "Beat" ou "Discipline" mais très vite l'influence est digérée et les vocaux anglais font leur apparition. Je dois dire que c'est ce qui m'a le moins plu dans l'album, l'accent de Jo n'étant pas mauvais mais rien ne vaut de chanter dans sa langue natale, non (l'italien ou le français en l'occurrence ) ? "Only mortal" (6:16), seul autre morceau chanté dans la langue de Shakespeare souffre moins de ce défaut, Jo ayant eu l'idée de trafiquer par moment sa voix ou de la dédoubler et ce titre est très agréable à écouter. "Rimbaud, la tentation du soleil" (5:16) avec son texte poétique magique est une merveille de bout en bout (ah, ces claviers...). "Dans le silence de la nuit" (9:58), morceau le plus long et le plus sophistiqué (prog'?) du CD est une merveille d'écriture, texte très intéressant, instrumentistes au top (mention spéciale aux claviers vraiment magiques), ambiance géniale, LE morceau a écouter en priorité pour découvrir l'étendue du registre de Jo et sa bande ! L'album se clôt sur "secret sound" morceau d'une minute à peine, collage-puzzle de bouts de musiques qu'aime Jo où l'on retrouve donc Todd, Queen et ... les enfants de Jo Caroline et Jim (essayez de comprendre ce qu'ils baragouinent, ça vaut son pesant d'or !)... Que vous dire de plus pour que vous ayez envie de jeter une (ou deux) oreilles sur ce disque fabuleux ? Que c'est apparemment un de ces "growers" comme disent les américains, de ces disques qui se bonifient de plus en plus à chaque écoute (du vrai prog' quoi !), donc ne pas se fier trop aux premières écoutes trompeuses (personnellement, je n'aimais pas trop à la première écoute et maintenant j'adore !) Que la pochette est superbe, concoctée par Manu Paquet (design), Annie Drogo et Philippe Chambon (dessins), très pro. Renaud"The wizard"Oualid |