KBB : Proof Of Concept (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°64)

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Depuis fin 2002 KBB est fort des mêmes quatre membres à savoir Shirou Sugano à la batterie, Toshimitsu Takahashi aux claviers et les plus illustres Dani à la basse, au mixage et au mastering et son leader et violoniste Akihisa Tsuboy.

Avec l'excellent "live" de 2004, KBB grave là son 4ème disque.

4 c'est le nombre d'années qui le sépare du "Four corner's sky", l'album qui a hissé le groupe au plus haut niveau dans le créneau de la fusion progressive. Dire que je salivais depuis longtemps à l'idée de sa sortie est un doux euphémisme.

D'entrée le 1er morceau "inner flames" du haut de ses 10 mn 23 fait figure de monumentale entrée en matière avec une énergie telle, que la comparaison avec un Dream Theater ne me semble pas incongrue. Le niveau est au moins aussi élevé et l'emphase, la propension à créer des cataclysmes soniques évidents. Un côté Flower Kings parfois dans les sonorités de clavier, rappelle que KBB appartient d'abord au mouvement prog avant tout.

Mais on s'aperçoit très vite, que comme d'habitude le niveau technique est exceptionnel, et que par exemple, bloquez sur le jeu de notre ami Shirou Lugano et vous vous rendrez compte que, tout comme le clavier, ils sont injustement occultés par la personnalité des deux autres mais que si l'on y prête oreille, on se doit de leur rendre hommage. Bien sûr que j'adore ce groupe où le principal compositeur, 7 des 8 morceaux, est l'immense A. Tsuboy et son violon au son si personnel. Christian Vander m'a toujours dit que l'important pour un musicien est d'avoir son "son" et le sien est inimitable. Robby Steinhardt est le plus grand pour moi, mais ce lascar-là, tient aussi une place à part dans mon cœur. Pour vous en convaincre écoutez ce lamento en intro de "weigh anchor !" (4mn25), sa délicatesse et sa mutinerie… Pièce très à part, dans l'univers de KBB, ce mélange classico- Kansas est déchirant de beauté et de pourfandage de tripes. Fans de Kansas, rien que ce morceau vaut l'achat.

"Stratosphère" (9mn06) nous plongerait presque dans des sphères à la Univers Zéro ou Présent, si le rythme plus facile et le jazz rock ne s'imposait autant. Tsuboy déchire l'atmosphère de zébrures incandescentes et on se laisse baigner par une déchirante mélodie où là encore KBB sort parfois de sa fusion habituelle pour nous débarquer sur des sentiers où les traces d'un Rush sont visibles…!!

On perçoit à la fois une grande discipline d'écriture et une large liberté d'évoluer indépendamment à sa guise pour chacun.

"Intermezzo" s'enchaîne naturellement et le violon de Tsuboy devient mystique et transcende magiquement le propos.

Ecoutez la beauté de ses notes, le délicat toucher, la facilité apparente ; certains vont trouver ça mièvre, je le comprends, ça serait vrai, si il n'y mettait pas son âme, mais tout son être est dans ce morceau !!! Toutes ces années d'apprentissage et de culture sont résumées dans ces 4mn49 émouvantes à souhait.

Pour nous remettre vite fait, les KBB nous proposent "rice planting song". Un truc assez emprunté au folklore tzigane avec un soupçon de désinvolture.

"Lagoon nebula" (7mn25) nous ramène vers un prog rock plus Kansas, très symphonique, et je vous invite grandement à disséquer les différences entre Tsuboy et notre fée clochette Miki (Fantasmagoria) et où l'on se rend compte de leur différence d'approche de leur instrument qu'est le violon.

Derrière Akihisa, trois fous, trois furieux sont lâchés dans la nature, étirant leurs notes et leur manière de faire à l'envi.

Retour à une vitesse, un jeu, une structure qu'affectionne Tsuboy avec "40 degrés" (4mn14) un morceau qui pourrait s'intégrer à presque tous les précédents, si ce n'est qu'il est un peu plus jazzy ; Dani y est éblouissant mais qui ne l'est pas ?!!

L'album se clôt par "order from chaos" et s'imprime très vite une phrase terriblement efficace au violon, sur laquelle se greffe, un rythme et une mélodie au clavier, qui forment un ensemble appartenant au summum de ce qui peut se faire dans le genre. J'imagine Side Steps avec Tsuboy en guest, mais KBB est beaucoup plus rock même si apprécier un Ponty ou un Sanborn peut aider plus facilement à se délecter de ce encore grand moment.

Akihisa Tsuboy même s'il a tout écrit sauf "40 degrees", laisse suffisamment de place à ses acolytes pour qu'éclate un gros travail de groupe et fasse de cet album encore un nouveau disque incontournable.

KBB est un de mes groupes préférés, et par chance vous pourrez en profiter à l'occasion du Progsud 2008 qui aura lieu les 30 avril, 1,2, 3 mai et où on y verra aussi deux autres groupes nippons, Baraka qui revient avec un nouvel album plus typé Rush en particulier et Interpose, l'autre formation du tentaculaire Dani.

Un CD de plus à acheter, mais faites vous plaisir, c'est Noël.

Bruno Cassan






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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