Kino : Picture (2005 - cd - parue dans le Koid9 n°53)
Après la fin brutale de Transatlantic, Peter Trewavas décida de continuer l’aventure du side project. S’adjoignant les services de John Mitchell (Arena, guitares, voix), John Beck (It Bites, claviers) et Chris Maitland (ex Porcupine Tree, batterie), il forma Kino qui livre aujourd’hui son premier album "Picture". "Loser’s day parade" ouvre les débats et annonce la couleur : du progressif pur jus, sur vitaminé, parfois à la lisière du hard, dont les raffinements vocaux doivent aussi aux Beatles. Douter des qualités techniques propres à chacun équivaudrait à insulter le prestigieux personnel du groupe ; n’y pensons donc pas. Vite composé, "Picture" possède l’énergie d’une musique jouée pour le plaisir (cher à Herbert Léonard) ne dédaignant pas le passé : l’introduction de "letting go" évoque Asia ("heat of the moment") quand "perfect tense" rejoue vingt ans après la rencontre entre la pop et ce qui s’appelait encore le hard FM. Les écoutes répétées produisent leur effet : "Picture" devient rapidement ce petit dernier qui ne surpasse en rien ses aînés mais que l’on regarde avec affection et indulgence, y compris pour ses défauts. Kino : une cure de jouvence pour adultes renouant avec leur adolescence. Titres longs ("loser’s day parade", "holding on") et courts ("room for two", "perfect tense") alternent, donnant à l’ensemble sa stabilité. Les premiers révèlent les possibilités du groupe, joutes sonores épiques, quand les seconds proposent des chansons malheureusement pas toujours excellentes (le boursouflé "all you see"). Si Kino n’évolue pas dans les sphères d’un Transatlantic, il supporte néanmoins la comparaison d’avec moult formations ès néo. Réjouissons-nous donc de son existence et apprécions à sa juste valeur la récréation que nous offrent certains des meilleurs ténors du prog. Stéphane Müller |