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Je vous parlais dans ces mêmes colonnes, il y a trois ans, de la démo des finistériens de Nursery Rhyme en concluant que l’essai était à confirmer au moment du premier album. Le voilà cet album. Après un changement de nom et la perte de la flûtiste, on retrouve cette ambiance seventies -très marquée pour moi- bien que le groupe cite des influences très diverses. Je vous les livre en vrac : Primus, Tool, Can, Miles Davis, The Meters, God Speed You Black Emperor, King Crimson, Yes, Genesis (époque Gabriel), Gainsbourg, Yves Simon, Dick Annegarn, Noir Désir, Tangerine Dream, le blues, le jazz, la musique ethnique… Bon avec tout ça, me direz-vous, qu’est-ce que ça donne ?
Plantons d’abord le décor. C’est donc un premier disque, en auto-production, tiré à 500 exemplaires. Ce CD concept de 8 titres, en français, retrace la journée type d’un homme ordinaire (appelé ici le Mec) qui fait lui-même son bilan le soir en allant se coucher. Le "1984" d’Orwell n’est pas loin ainsi que "Le meilleur des mondes" d’Huxley et "Orange mécanique" de Burgess. Le nom du groupe provient d’ailleurs de ce dernier roman. Korova Milk Bar est bien un mélange de ce qui est décrit plus haut avec un esprit années 70 qui enrobe le tout mais avec des textes très actuels et des idées qui décrivent bien la société dans laquelle nous vivons et que nous subissons (consciemment ?).
Le groupe se compose de Aurélien Bourgeot (batterie, chant, textes) Florian Bourgeot (claviers) Maxime Courant (basse) Fabien Le Berre (guitare) et les compositions sont collégiales. Les sons utilisés sont très vintage : peu de multi-effets sur les guitares, des claviers analogiques, une batterie avec un son plutôt sec (peu de réverbe) plus en retrait que dans les productions clinquantes habituelles. Beaucoup de textes déclamés, souvent grinçants, mais pas assénés de la façon parfois un peu trop théâtrale que certains avaient choisi en France dans les années 70. Evidemment, le propos n’est pas des plus optimistes mais on le sent toujours traité avec un humour sous-jacent qui fait passer la pilule sans nous empêcher de RÉFLÉCHIR. Et je crois que c’est là le but principal de ce disque. Musicalement, les bougres savent jouer et enchaîner des rythmes parfois torturés.
Tout cela n’est bien sûr pas formaté radio, danse et académies "musicales" diverses et variées (avariées ?) mais de toute façon ce n’est vraiment pas l’option choisie et heureusement. A retenir : "le plus beau jour de votre vie", "après tout" et "we need you". Précipitez-vous, y’en a que 500 !
François Albert
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