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Quatuor batave formé en novembre 2001 sous le nom de Lorian, c’est en 2004 que le groupe stabilise son line-up en s’appelant finalement Kramer, avec un bassiste, un batteur, un guitariste-claviériste et un pianiste pur. C’est cette même année que la formation s’engage dans le projet "Life cycle", concept album dans la grande tradition néo prog, entièrement composé par Marc Besselink (ledit pianiste). Le thème du livret met en scène un frère et une sœur qui partent sur les traces de leur père perdu et qui découvrent son journal dans un mur de la maison familiale. Ce document dans lequel il fait le bilan de sa vie s’adresse en fait directement à eux, afin qu’ils n’abandonnent pas leurs idéaux comme lui a pu le faire au fur et à mesure qu’il passait d’un âge à un autre. C’est seulement en février 2007 que le groupe commence l’enregistrement de l’album, en totale auto-production, et le fruit de leur travail ne sera disponible que neuf mois plus tard, en décembre de la même année.
Et c’est une belle surprise !
De Pallas à IQ ou encore Pendragon, on retrouve toute l’école néo-prog dans cette production, et les détracteurs pourront même s’en donner à cœur joie tellement le son est typé. Ne leur en déplaise, ce n’est pas la moindre de ses qualités. Nous sommes en présence d’un travail solide, extrêmement mélodique (le piano a évidemment un rôle central dans l’œuvre), parfaitement huilé et qui s’articule autour d’une unité incroyable. Le fait que le thème d’ouverture de l’album ("homecoming") se retrouve dans "identity", "escape into a dream" et "life cycle" n’est évidemment pas étranger à cette impression générale. Comme il est traité différemment à chaque fois, on peut même s’amuser à le retrouver. En tout cas, on ressent dès la première écoute un plaisir réel tant les morceaux racontent musicalement des choses, tout en restant facilement accessibles aux oreilles non averties ce qui est plutôt une gageure. Avec une durée moyenne qui atteint quand même presque huit minutes, les différentes plages sont réellement évolutives et on ne s’ennuie jamais. Les esprits chagrins trouveront certainement à redire, évoquant ici l’accent néerlandais à couper au couteau du chanteur, là le son d’une guitare une peu trop en retrait (en l’occurrence, ils n’auront pas tout à fait tort), ou bien encore que c’est un peu mou du genou sur tel ou tel morceau. A ceux-là je répondrais qu’une seconde écoute leur est nécessaire car, sous l’apparente facilité des compositions de Kramer se cache un feeling bien réel et qu’ils ne peuvent pas laisser passer ce premier album sur un ressenti stéréotypé. Ils pourront ainsi mieux découvrir la voix diaphane du chanteur, les intros longues et aériennes ("homecoming" ou "remember me"), les changements de rythmique ("we mortals"), des guitares qui savent devenir plus lourdes ("I believe") ou plaintives à souhait dans des soli dont le feeling fait se lever les poils sur les bras ("life cycle"), ou bien encore la passion qui traverse les morceaux de la seconde moitié de l’album (notamment "the final chord"), bref, tout ce que leur mauvaise foi leur aura fait loupé la première fois.
Je vous le disais, une divine surprise… Vivement le prochain !
Dominique Jorge
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