Makoto Kitayama With Shingetsu Project : Hikaru Sazanami (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°29)
Makoto Kitayama, pour ceux qui s'en souviennent, n'est autre que le talentueux chanteur du groupe Shingetsu, le "Genesis" japonais, auteur d'un unique et très bel album sorti en 1979. L'attente aura été longue (tout au moins pour les "plus vieux" d'entre-nous !) puisque vingt ans séparent la sortie de ce "vrai-faux nouvel opus" de son illustre prédécesseur. En effet, même s'il ne s'agit pas de la mouture complète et originale, on retrouve avec ce Shingetsu Project le guitariste Haruhiko Tsuda qu'on a depuis entendu du côté de chez Asturias, autre formation nipponne de belle envergure. Concernant un authentique nouvel album de Shingetsu au grand complet, il faudra encore s'armer de patience pendant quelques mois même si Makoto Kitayama parle très sérieusement de ressusciter très prochainement son célèbre groupe ! En attendant, les deux vétérans se sont ici entourés d'une dizaine de musiciens (formation rock et classique), bénéficiant donc d'une instrumentation variée pour nous concocter une série de 7 compositions écrites par Kitayama entre 1972 et 1996, enregistrées seulement en 1997! La musique, même si elle est comparable en certains points au Shingetsu original (pour ses rares versants symphoniques et le chant si caractéristique de l'excellent Kitayama), s'ouvre davantage à d'autres horizons, préférant l'approche acoustique et intimiste (guitare, instruments à cordes...) à la grandiloquence symphonique. Exit donc le Genesis de l'ère Gabriel : les influences se porteront plutôt vers le versant calme de king Crimson de la première époque (le mellotron du titre d'ouverture "budokan" est à lui seul très parlant, et pour l'anecdote, l'intro du titre "blue" évoque quant à elle des morceaux du Roi plus récents comme "discipline" ou "three of a perfect pair", le jeu de guitare figurant comme hommage avoué à Mr Fripp). On trouvera également dans les compos une forte orientation vers la pop la plus acoustique et aérée, voir un certain penchant pour la musique de chambre ("akane sasu" avec son quatuor à corde et ses douces "mélopées" de piano). bref, nous avons affaire ici à un disque plutôt éclectique, sans faute de goût, assez éloigné dans son propos du progressif symphonique nippon, mais dont le charme certain devrait ne pas laisser vos oreilles insensibles, pour peu qu'elles soient ouvertes à ce genre de rêveries. Un très bon CD à l'arrivée (bien plaisant mais sans être indispensable), à savourer en attendant la renaissance du grand Shingetsu. Philippe Vallin |