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Merci à Muséa d’avoir ressorti cet album mythique du non moins légendaire groupe Ange. Cet opus s’était vendu en 1995 durant la tournée d’adieu uniquement par souscription et n’était jamais sorti dans le commerce dans cette version. Philips avait bien sorti 2 albums "Rideau" et "A Dieu" qui regroupaient également l’intégralité de ce concert mais les titres étaient placés sur chaque CD dans le désordre sans le respect de la set-list. Mais revenons à notre "Un petit tour et puis s’en vont" qui nous redonne là l’occasion de revivre en intégralité un concert de cette fabuleuse tournée. Christian Decamps la voulait cette dernière tournée afin de rendre un ultime hommage à ces compagnons musiciens qui avaient dès 1970 fait la légende angélique. Ce n’était pas pour lui la fin de son groupe Ange mais seulement une page (et quelle page !!!) qu’il lui fallait tourner, pour mieux renaître avec d’autres jeunes musiciens dont son propre fils Tristan. Alors profitons encore et encore de ce remarquable témoignage de plus de 2 heures. La volonté de Ange en cet an de grâce 1995 était de redonner vie dans son intégralité à ce concept-album "Au-delà du délire" qui a marqué à jamais l’histoire du groupe et l’a porté au pinacle de la Rock Music, puis d’agrémenter le reste du concert d’un incroyable best-of distillé comme il se doit à un public conquis, chaud et bouillant. Dès l’ouverture sur la musique d’un certain Jean Pascal Boffo, Christian en voix off nous résume toute l’histoire de ce Godevin avant que le groupe originel au grand complet (Gérard Jelsch revenu au bercail pour cette ultime tournée, Daniel Hass, Jean-Michel Brezovar et bien sûr les 2 frangins Francis et Christian Decamps) n’attaque le 1er morceau de cet album mythique "Godevin le vilain". Nous allons retrouver tout au long de cet "opéra-rock" tout le savoir faire de ces musiciens chevronnés, car ce qu’ils ont peut-être perdu en spontanéité voir même en naïveté, ils l’ont gagné sans aucun doute en professionnalisme et en maîtrise. Le meilleur exemple en est sûrement Francis qui est passé d’un modeste jeu à 2 doigts, à ses débuts, à un jeu remarquable sans aucun accroc. Vous aurez droit bien entendu à de longs solos de Brezovar avec cette facilité, ce touché si fin (même quand il est à l’attaque) qui enflammait tant les fans.
Vous pourrez aussi une fois de plus apprécier le frappé de Gérard Jelsch qui 21 ans après avoir quitté le navire revient comme si de rien n’était et retrouve cette fabuleuse complicité avec son compagnon de planète rythmique : Daniel Haas. À croire que ces 2 là ne s’étaient jamais quittés.
Ange va ainsi dérouler l’intégralité d’ "Au-delà du délire" avant de nous concocter un voyage à travers 25 ans de carrière en nous emmenant dans le train menant à "la Gare de Troyes". Ils feront une halte un peu plus longue dans le répertoire de l’album "Émile Jacotey" avec 3 titres ("sur la trace des fées", "ode à Emile", et le superbe "Aurélia"). En fait, à part "le ballon de Billy" daté de 1993, tous les autres titres seront tirés d’albums couvrant la période 1970 à 1983. Le choix de la set-list n’a pas été fait au hasard et permet ainsi de finir chaque concert par les morceaux les plus plébiscités par le public des premières années et qui malgré le temps est resté fidèle : "le vieux de la montagne", "aujourd’hui c’est la fête chez l’apprenti sorcier", "le soir du diable" avec ses fameuses marionnettes Diable et Dieu qui agrémentent encore la pochette intérieure et "le cimetière des arlequins". Le public est alors dans une excitation extrême et ce n’est pas le "vu d’un chien" endiablé par un Brezovar au sommet de son art qui va le calmer (même si mon ressenti qui était déjà le même à l’époque est qu’il manque quand même Roby Defer qui faisait une sacrée paire avec son complice Jo, mais bon, l’Ancien en avait décidé autrement). Pour clôturer le tout un "hymne à la vie" aux petits oignons et bien sûr l’éternel "ces gens là" de Brel, et là en pleine folie ambiante, Ange quitte la scène laissant ses fans anéantis de penser que c’est sûrement la dernière fois qu’ils les voient dans cette composition originelle. Ce double-album est un témoignage poignant de ce que cette formation était capable de donner et, toute nostalgie mise à part, c’est de très loin un disque exceptionnel rappelant une tournée non moins absolument grandiose et inoubliable pour tous ceux qui y ont participé. Alors précipitez-vous, cet opus est indispensable à tout fan qui se respecte de tout temps et tout âge, mais aussi pour tout vrai amateur de Rock Music car ce groupe, quoi qu’on en pense, aura marqué à jamais de son empreinte indélébile l’Histoire de la Musique. Et pour conclure cette phrase de Christian Decamps : «À ceux qui nous aiment, à ceux qui nous détestent, merci de nous avoir fait exister.»
Chapeau bas !!!
Luc Lhéricel
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