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Cette nouvelle pépite venue de Suède nous présente le premier effort d’un groupe qui s’inscrit, au moins partiellement, dans la mouvance virtuelle constituée de groupes tels que Anekdoten, Landberk, Book of Hours et Paatos, pour citer les meilleurs.
Les membres de Liquid Scarlet sont très jeunes (tous dans la vingtaine) et ne manquent pas d’ambition, tout en sachant rester modestes: "Notre musique est faite pour une expérience totale. Nous essayons de faire une musique qui puisse être source d’un large éventail d’émotions, tout comme un bon livre ou un bon film. Si seulement nous pouvions toucher rien qu’une personne, alors notre but sera accompli. Mais nous comptons bien répandre notre son dans le monde entier"». Je ne garantis pas que la reconnaissance mondiale sera facile dans le contexte musical actuel dicté par la gloire et l’argent faciles, cependant il y a dans leur musique plusieurs ingrédients qui la rendent savoureuse.
Mais n’allons pas trop vite et commençons par une petite présentation. Le groupe, constitué depuis 1996 en faisant des reprises, existe depuis 2000 sous sa configuration actuelle : Olov Andersson (guitares, clarinette) et Johan Lundström (batterie, percussions, guitare acoustique, church organ, tin whistle) qui sont les 2 compositeurs ; Markus Fagervall (chant et guitare), Joel Lindberg (basse et qui a des faux airs de Orlando "Legolas" Bloom) et la brune Frida Lundström (piano, Hammond, claviers, et qui porte le même nom que Johan cité ci-dessus et que le chanteur de Ritual, mais cela ne nous … regarde pas). Ils ne cachent pas leur admiration pour des groupes ou personnages prestigieux comme King Crimson, Björk, Genesis, Yes, Radiohead, Frank Zappa et ne reculent pas devant l’appellation "progressive", ce qui les rend d’emblée fréquentables. Ils furent remarqués en 2001 par le label Progress Records, qui n’a pas l’habitude de signer n’importe qui, mais pour diverses raisons non communiquées, le disque, déjà prêt depuis longtemps, ne sort que cette année.
On est dès les premières notes baigné dans un univers agréable et familier avec un Mellotron chaleureux et des riffs saccadés. Sur ce "greyroom" introductif les spectres de King Crimson et de Genesis surgissent devant nous sans crier gare. Comme c’est souvent le cas chez les suédois le chant est bien interprété et surtout dans un très bon anglais (d’autres devraient en prendre de la graine, ou préférer chanter dans leur langue maternelle, mais c’est un autre débat). Pour autant les parties chantées ne sont pas passionnantes d’un bout à l’autre : tout le début de "talking in ashes" par exemple est un peu terne ; voici un point à améliorer à l’avenir. D’autres références apparaîtront par la suite, tel Pink Floyd (la délicieuse intro de "citta nuova") ou leurs compatriotes cités en début de cet article (ce mélange de dissonances et de symphonisme classieux). De manière parfois appuyée (pas trop néanmoins), mais après tout c’est le lot de beaucoup de premières œuvres et cela ne retire rien croyez moi au grand talent de Liquid Scarlet. Loin de forcer sur la technique, ni sur la surcharge sonore, ils parviennent à ciseler des morceaux prenants, bien agencés et riches en émotions . Pour se démarquer ils ont adopté une signature visuelle particulière : sur scène il est amusant de les voir tous habillés d’une même couleur : en général en blanc, mais parfois aussi en noir ou en rouge (ce qui est plus logique quand on se dit que "scarlet" signifie écarlate).
Donc malgré quelques petites maladresses d’ordre formel, notamment la mise en place de quelques parties vocales et les références au passé, qui ne devraient pas manquer de s’estomper avec l’expérience, ce premier opus constitue une excellente carte de visite pour Liquid Scarlet, qui s’inscrit déjà comme un groupe à suivre de très près.
Note : 4/5
Michael "liquéfié" Fligny
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