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"Seasons End" est un album particulier dans la carrière de Marillion, un album charnière qui marque le départ de son chanteur fétiche (et de certains fans) et l'arrivée d'un autre, Steve Hogarth, à qui incombait la difficile tache de succéder à un prédécesseur très charismatique. Fish était paraît-il en désaccord avec la nouvelle orientation musicale (les titres "seasons end" et "berlin" avaient déjà été écrits lorsqu'il quitta le groupe) ... je pense que de nombreuses années de "bouffoneries" (au bon sens du terme) l'avaient tout implement lassé... besoin d'air frais urgent en bref ! Malgré ces pertubations, et si l'on sent que le chanteur cherche sa place, notamment sur scène à l'époque, le public large du groupe l'accueillera plutôt favorablement, lui donnant vite confiance, content il est vrai, que le groupe ne se soit pas arrêté brutalement après une carrière déjà superbement entamée... Malgré cette nouvelle entité qui se cherche une nouvelle identitée, cet album garde à mes yeux une place de choix dans la discographie du groupe, car quoiqu'on en dise, il y a bon nombre de belles chansons réunies ici, et que le groupe joue, encore sur scène: le politique et épique "king of sunset town", "berlin" ou "holloway girl", l'hymne vert qu'est "seasons end", et surtout l'inoubliable et poignant "the space". Il y a des morceaux plus "faciles", plus commerciaux, cause de chagrin et de désaffection pour les puristes, mais qui ont aussi permis de donner un ton un peu plus rock à une machine très belle, très lyrique, mais un peu lourde par moments: "the uninvited guest", "hooks in you" ... Il y a aussi des titres simples et beaux comme "easter", "after me" et grâce au 2ème CD de cette réédition, on peut écouter dans la même veine "the bell in the sea" (injustement écarté à l'époque de la présence sur l'album) ou encore "the release" (anecdote: Steve Horgath prétend que ce titre ressemble de près à un single de Pink Floyd, mais franchement, je ne vois pas, à l'aide... !). On trouvera également 5 versions démo, "for fans only" selon moi, mais à vous de juger ...
Le livret n'est pas aussi fourni que celui de le réédition de "Script", mais contient quand même les commentaires avisés de Steve Horgath, Pete Trewavas, John Hotten (biographe du groupe je présume) et Carl Glover, un designer du célèbre Bill Smith Studio. A ce propos, les observateurs remarqueront que ce Monsieur a rajouté dans l'eau le reflet du portrait du clown qui y tombe, par rapport à la couverture originale.
Marillion avait signé là nouvelle histoire, en misant intelligement sur un chanteur d'un tout autre style, dont la sincérité et le talent (très différent certes de son prédecesseur) ont fini par gagner la confiance de son public, ou au moins d'une certaine frange toujours fidèle. Ce disque reste en tout cas un épisode clé, un moment chaleureux et humain. Malgré ses imperfections et ses écarts plus superficiels, un album simplement beau (et cher à mon coeur).
Guillaume Bernard
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