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On aurait pu penser qu’un tel projet reste confiné dans le réseau intime des fans de Marillion, principalement par le biais d’une diffusion exclusive de Racket Records, comme tant d’autres enregistrements, pas très porteur pour un public de non-avertis. Car pensez donc, un album acoustique enregistré en studio de morceaux déjà existants (hormis un), ça ne parait pas nécessairement à la base très alléchant. Et pourtant… Les membres de Marillion apportent une fois encore la preuve à travers cette nouvelle expérience qu’ils sont décidément de vrais et sincères artistes.
Ce groupe a une âme. Et quand Steve & compagnie décident de ressortir de vieilles compositions pour les remettre dans une sauce "non-électrique", le résultat est bluffant. D’entrée avec "go" du trop oublié "Marillion.com" (qui fête ses dix ans cette année), on est transporté dans cette atmosphère de tranquillité qui donne envie de se poser et surtout… d’écouter, ce qui pour un CD est plutôt… bien vu. Cet album est à transmettre à tous ceux qui pensent qu’écouter de la musique peut se faire couplé à autre chose ; comme lire, discuter (quelle horreur !) ou se brosser les dents… Pas là ! Il s’agit de musique, au sens noble et non mercantile du terme. Pour apprécier par exemple à sa juste valeur le dernier phrasé musical, toujours dans "go" au moment de "wide awake at the edge of the world", il faut être con-cen-tré (!) et imprégné en amont. Sinon, on passe à côté d’une forte et belle émotion ; celle qui vous déconnecte de la futilité du quotidien.
Avec "interior Lulu", toujours tiré de l’album "Marillion.com", on appréciera tout particulièrement la finesse de jeu de Mark Kelly au piano, qui tout en restant discret n’en est pas moins efficace. Avec "out of this world" extrait du sublime "Afraid of sunlight", on continue dans la douceur et la quiétude. Peut-être que la voix de H aurait pu être mixée un peu moins forte, notamment au début du morceau, mais bon, je ne suis pas ingénieur du son, juste un "sentiment auditif" personnel. Pour "wrapped up in time" de "Happiness is the road", on a là une version, certes sympa, mais pas si prenante que cela. Avec "the space" qui à l’origine date de vingt ans (le fameux "Season’s end"), on suivra tout particulièrement le son de l’"acoustic bass" de Pete Trewavas, qui donne davantage l’impression d’être celui d’une contrebasse façon jazz-man. "hard is love" extirpé de "Brave" donne tout son sens à l’intérêt de cet album. Il s’agit là d’un autre morceau, tant le rythme et les harmonies sont triturés pour donner une toute autre version. On notera aussi en "arrières voix", celles de Mark et Pete, qui apportent sans conteste un côté plus chaleureux encore au morceau. En ce qui concerne "quartz", le pari acoustique ne m’apparaît pas totalement réussi, au sens où l’original est tellement riche et complexe, qu’il semble y perdre en teneur. Pour l’autre composition extraite d’"Anoraknophobia", "if my heart were a ball", l’intérêt revient, car cette fois-ci, il s’agit d’épurer pour rendre plus mélodique.
L’inédit, "it’s not your fault", où Steve Hogarth chante et joue seul au piano, alors que la musique a semble-t-il été composée par l’ensemble du groupe, nous laisse à penser que peut-être ce morceau sera prochainement ré-enregistré, mais cette fois-ci orchestré en version électrique ; une sorte d’aller-retour, mais cette fois-ci dans l’autre sens. Après un "memory of water" intéressant dans son interprétation, on arrive à "this is the 21th century" qui, tout en étant réussi lui aussi, perd selon moi de son côté passionnel par rapport à la version originale.
On croit l’album terminé au moment où surgit un "cannibal surf babe" des familles. Et c’est à ce moment précis que l’on se dit que finalement, si ce morceau peut avoir lui aussi une vie en acoustique, alors la place existerait peut-être pour que la totalité ou presque de la discographie du groupe soit interprétée de là sorte. Un début de réponse avec le concert parisien du Bataclan ? A suivre…
Franck Lorenzetti
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