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Molecule est la création du multi-instrumentiste français Gérard Verran et se classe immédiatement dans un cadre bien précis : la musique électronique instrumentale planante, et l’approche rythmique adoptée apporte une touche plus moderne d’electro. La rencontre du passé et du présent pour dessiner la musique du futur en quelque sorte. J’avoue ne pas avoir été souvent touché par les musiques électroniques auxquelles je reproche soit une certaine froideur (Kraftwerk), soit un caractère répétitif trop prononcé (Tangerine Dream ou Klaus Schultze), soit encore des aspects rythmiques peu subtils ou trop simplistes (Mike Oldfield sur "the songs of distant earth").
Je regrette d’autant plus de ne pas y retrouver les premiers émois ressentis il y a bien longtemps lors de la parution de ce que je considère comme les albums phares de la discographie de Jean-Michel Jarre : "Oxygène" (1976) et "Equinoxe" (1978). Ce qui en faisait la force selon moi était d’une part la création d’un véritable univers sonore futuriste, mais qui ne serait rien sans le dosage subtil des mélodies raffinées qu’on y trouvait. Molecule m’a donc plus qu’agréablement surpris quand j’ai constaté qu’il suivait plutôt cette voie, tout en prenant soin d’éviter les autres. La terminologie des noms de morceaux présente d’ailleurs des similitudes avec ceux du claviériste français (devenu hélas paresseux et indigent depuis bien longtemps, sous le bête prétexte de donner un coup de "jeune" à sa musique).
Une autre influence pointe le bout de son nez jusque dans les noms des morceaux. "Interstellar", "eclipse", "control for the sun", "summer 69" : tout ça fleure bon le grand Pink Floyd des familles, non ? Et que dire des hommages à peine masqués que l’on peut trouver dans la musique elle-même : le son réverbéré en "goutte à goutte" tout droit sorti d’ "Echoes" au début d' "interstellar", le voyage chaotique de "isomorphisme" fait carrément référence au mythique morceau "a saucerful of secrets". Et ne parlons pas (ou plutôt si, parlons-en) du son d’orgue sur "transmission".
Sur certains morceaux comme "transmission ou "stratosphere" une basse au groove bien assuré évoque les premiers albums de Air.
Voilà pour les références les plus nettes, mais il serait injuste de résumer Molecule à ces seules influences. Applaudissons la recherche de sons et d’ambiances qui s’avèrent d’une grande crédibilité. Signalons aussi l’emploi fréquent de séquences vocales tout droit sorties de la banque de données de Cap Canaveral ("EOS failure", "eject", …), passées en boucle et soigneusement synchronisées sur le motif rythmique.
Mais je le répète, le maître-mot des compositions de Molecule c’est bel et bien la mélodie, faisant de ce disque une succession extrêmement fluide de tableaux décrivant des paysages inédits et accueillants. A partir de là il n’y a plus qu’à fermer les yeux, oublier son stress de la journée et se laisser transporter hors du temps et de l’espace pour parcourir un album haut en couleurs et limpide. Dépaysement assuré.
Cet album très différent de ce que l’on entend habituellement constitue assurément la bande-son idéale pour un film de science-fiction qui se situerait dans un monde imaginaire, pas encore défriché, mais diablement attirant.
Michael Fligny
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