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Encore un nouveau groupe ricain inconnu au bataillon et qui pourtant se paie des têtes de séries en invités. Jugez plutôt : Damian Wilson (Threshold, Headspace, Aryeon) au chant, David Ragsdale (Kansas) au violon et Hugh Mc Dowell (Electric Light Orchestra) au violoncelle, complétés par Natalie Grace-Chua au chant et David Lee à la narration. Non contents de débaucher 3 musiciens stars, nos cinq amis du Kentucky ont aussi accouché d’un concept album ! Passez outre la pochette pas terrible et par trop convenue (on la croirait sortie du catalogue d’images de logiciel de dessin) et écoutez ce que ce groupe assez talentueux peut vous offrir. Mené principalement par la guitare de Cameron Castle, le groupe est composé de Dave Gilbert (chant), William O'Connell (claviers), Erinn Waggoner (basse) et Rusty Clutts (batterie). L’intégralité de l’album a été écrite par le guitariste et le bassiste, ce dernier signant aussi les paroles. Nous sommes ici en terrain archi-connu : du hard prog très américain pas très loin du Théâtre du Rêve (en moins alambiqué et démonstratif toutefois). Inutile de faire long sur ce genre d’albums, les adeptes du genre se rueront dessus en attendant la nième livraison de la bande à Portnoy, les autres ne feront même pas l’effort de jeter ne serait-ce qu’une oreille dessus. Loin de moi l’envie de réconcilier les « pros & cons » (comme diraient les ricains et sans aucun jeu de mots ni grossièreté). Le point faible de ce genre d’albums se situe en général au niveau du chanteur et c’est ici évidemment le cas (Dave Gilbert) sauf que le groupe a eu 3 riches idées : 1/ Ne lui confier quasiment aucune ligne de chant (on se demande bien ce qu’il fout en concert, le gars, remarquez, ça lui laisse du temps pour picoler !). 2/ Inviter Damian Wilson, chanteur au pedigree de fou, sur la majorité des morceaux. 3/ Se garder de nombreux passages instrumentaux (l’album est globalement peu chanté). Pas cons ces texans… On comprend qu’ils soient devenus riches en vendant des poulets après ça !
Trêve de plaisanterie, au niveau des autres points faibles, si l’on met de côté l’originalité (pouah, le gros mot !), on remarque les nombreux morceaux qui se finissent en eau de boudin (comprenez en décrescendo) alors que pour un concept album, la moindre des choses est d’enchaîner les morceaux mais bon… Enfin, le narrateur David Lee (qui aurait mieux fait d’y rester, au lit) est complètement à coté de la plaque, avec des interventions molles, peu nombreuses et sans aucun intérêt (on se demande ce qu’il fout lui aussi en concert, remarquez à deux avec l’autre chanteur naze, ils peuvent se faire un poker menteur !). L’on notera aussi la propension du groupe à noyer le poisson avec les interventions de David Ragsdale au violon, qui a tendance à s’approprier légèrement le terrain tandis que le gratteux ne lache pas l’affaire : résultat, un gros pot de confiture bien dégoulinant, trop de notes tue le prog… Dommage aussi que les claviers ne soient là qu’en nappes d’accompagnement mais bon… Enfin, les voix me semblent être mixées systématiquement en retrait, ce qui fait que l’on a l’impression que le chanteur se trouve à quelques dizaines de mètres du groupe et c’est assez désagréable au final. Après cet inventaire à la Prévert, vous pensez sûrement que cet album est infâme et bien… pas du tout ! En effet, malgré tous ses défauts, ce petit CD est bien sympathique, en attendant une livraison hypothétique de Kansas (c’est beau, le rêve)… Le chant de Damian Wilson, même mal mixé est impressionnant et toujours superbe, le violon de David Ragsdale, même sur-mixé est toujours aussi génialissime et le gratteux de service n’est absolument pas manchot, ce qui ferait tache, encore que sur un bateau corsaire de pirates, la chose passerait plus inaperçue ! Enfin, le groupe n’a pas oublié sa livraison de long morceau avec un avant-dernier titre où tous les clichés y passent, de la voix féminine susurrée à la Charlotte Gainsbourg, aux guitares saturées et autres soli de folie, à la voix méga-géniale de Wilson, en passant par la Lorraine et autres régions envahies... Dommage que le CD se termine sur un morceau aussi bateau que la ballade ricaine obligée… Bref, je suis sûr et certain qu’après une telle chronique mi-figue mi-raisin vous ne savez plus à quel saint vous vouer alors je vais vous faire une fleur et vous la faire à la Crossroads (très bon canard, au demeurant). Conseillé : aux amateurs de Kansas, Damian Wilson, Dream Theater et Electric Light Orchestra ; Déconseillé : à ceux qui recherchent l’originalité à tout prix et aux allergiques aux concept-albums.
[Site officiel] : http://www.portmahadia.com
NB : A noter la promo assez spéciale du groupe sur leur myspace à base de photos de jolies pin-up posant devant le logo du groupe, très amusant et assez rare dans le prog’ pour le souligner !
NB bis : Apparemment existerait aussi en édition limitée avec une pochette différente, plus originale mais toujours semblant sortie de Paint Shop Pro !
Renaud Oualid
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