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L’air de rien il s’agit déjà du neuvième album des illuminés de ST 37, qui proposent depuis 1988 un Rock spatial à la fois progressif et psychédélique qui doit pas mal à Hawkwind (quand je vous dis qu’ils ont influencé plusieurs générations de musiciens !).
Ce nouvel opus au curieux nom et à la superbe pochette (signée par Stefano Scagni) n’est pas en soi un album tout neuf mais plutôt un amalgame homogène de titres composés entre 1994 et 2000.
Le disque peut se découper en 2 parties.
La première est en fait une succession de reprises d’autres groupes, de pièces comme "seven deadly finns" de Brian Eno, "land of treason" des punk rockers zarbis The Germs (un groupe allemand totalement allumé) et "cold night for alligators" (ça, c’est du titre !) de Rory Erickson, à qui l’album est dédicacé.
Ces "covers" sont passées à la moulinette ST 37 et en ressortent curieusement magnifiées, bien que difficilement reconnaissables. Je n’ai jamais été convaincu par le Space Rock du groupe, soit trop proche des maîtres du genre (de Gong à Ozric Tentacles), soit trop débridé, limite "n’importe quoi" comme sur leurs albums précédents (je pense à "Spaceage" notamment), mais là, je dois dire que je suis resté sous le charme de ces versions, inspirées, aventureuses mais concises, qui se suivent et se complètent, comme pour un concept album. On pense à Hawkwind, c’est évident, mais pas trop. Le côté psyché de cette première partie évoquerait plutôt Pressurehed ou Architectural Metaphor, avec un zeste de Birth Control quelque part…Mais, bon, c’est juste histoire de donner des points de repère aux lecteurs, car à l’écoute, on plonge en apnée dans le monde spatial de ST 37 et on ne se pose plus de question.
Le meilleur reste à venir. La 2ème partie du CD est ambitieuse et se nomme "phase two, from Metropolis". Le groupe a composé 3 titres, 3 longues suites qui forment un tout indissociable de 45 minutes, le tout en hommage à Fritz Lang, réalisateur génial de ce mythique film des années 30.
Très grand morceau, très long, mais qui reste digérable par ses "respirations" après 20 et 35 minutes. J’ai adoré le premier thème "the pleasure garden", répétitif mais en constante mutation, boucle organique sans cesse renouvelée par les assauts des guitares (Joel Crutcher et Mark Stone aux manches, absolument parfaits sur tout l’album d’ailleurs), folie progressive qui explore l’espace à grands coups de claviers cosmiques. C’est très beau et très fort, on pense à Amon Düül au mieux de sa forme (époque "Yeti", c’est tout dire) et aux meilleurs Can, preuve que ST 37 explose le carcan usuel du Space Rock avec cette suite grandiose. Comme dans le film, la révolte des ouvriers ("the workers revolt") constitue le 2ème tableau, plus speed, plus acide (Ah, la basse avec fuzz de SL.Tells !), assez étrange aussi dans sa conception. "Burn the witch" clôt le voyage de belle manière, et l’auditeur s’avoue, un peu pantois, qu’il vient de prendre une majestueuse leçon de Space Rock.
A mon humble avis, aussi indispensable que l’album "Symbiosis" d’Hidria Spacefolk, c’est dire le niveau !
Dominique Reviron
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