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Styx vient de sortir un album studio remarquable, le meilleur depuis le lointain "Paradise theater" de 1981. Et pourtant, on ne donnait pas bien cher de la peau de Styx, toujours aussi actif "live", mais usé par les "remaniements internes". En effet, de la formation originale, il ne reste plus que le guitariste/chanteur James Young. Et encore, il ne faisait pas partie du trio fondateur constitué de Dennis DeYoung (le leader historique du groupe) et des jumeaux Chuck et John Panozzo… Les deux premiers se sont auto-exclus du groupe pour cause de santé chancelante, et le dernier est décédé en 1996. Styx, sous la houlette du chanteur/guitariste Tommy Shaw (présent dans le groupe depuis l’excellent "Crystal ball" de 1976), a décidé de poursuivre l’aventure contre vents et marées au grand dam de DeYoung qui souhaitait garder le leadership. Après quelques déboires juridiques et deux disques "live" de bonne facture avec sa toute nouvelle incarnation, Styx nous gratifie de "Cyclorama". Sa pochette rappelle celle de "On air" d’Alan Parsons. En lieu et place d’une ampoule/mongolfière, une carotte, alors que la plage remplace la colline. On dirait presque que les personnages ramassent les galettes de fuel sur la côte Atlantique… Storm Thorgerson a de l’imagination, lui qui nous a fait tant rêver avec les pochettes du Floyd… "Cyclorama" s’écoute d’une traite sans ennuyer une seule seconde. Ce n’était pas le cas de "Brave new world", le précédent album de 1999 qui, après un démarrage en trombe (4 titres excellents), partait en couille. "Cyclorama" est un disque cohérent de bout en bout, au niveau du son et des compositions. Un concept-album ? Ca y ressemble… Styx a retrouvé son inspiration du temps de "The grand illusion" (1977) et de "Pieces of eight" (1978), faite de chœurs grandiloquents, d’alternances de voix, de développements instrumentaux pompeux, de hargne, d’émotion… 4 des 5 musiciens chantent, en solo comme dans les chœurs, et il n’est pas rare que le résultat évoque le grand Queen. Si Tommy Shaw assure sur la majorité des morceaux, James Young chante 2 titres ; Larry Gowan (le claviériste qui remplace honorablement DeYoung) et Glenn Burtnik (le bassiste remplaçant Chuck Panozzo) également… Il arrive à Styx de sonner comme le Spock’s Beard de "Day for night" ou de "Snow" : très rafraîchissant ! La voix de Burtnik, sur "kiss your ass goodbye" et le très prog "killing the thing that you love" (quelle sensibilité, quel pont central !), n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Neal Morse. Young nous gratifie d’un morceau épique de premier ordre à la "suite madame blue" ("these are the times") et un brûlot dont il a le secret ("captain America"). Vous aurez remarqué que son titre fait directement référence à "miss America" de "The grand illusion" : le clin d’œil n’est pas innocent car il est introduit par une reprise vocale "à la Queen" de "fooling yourself" !!! Gowan nous enchante avec 2 ballades pompeuses dans le pur style DeYoung ("fields of the brave" et "more love for the money"). Et Tommy Shaw ? Fidèle à lui-même, il nous délivre ses tubes poppy, tantôt acoustiques, groovy ou doucement grungy ("together" reprend même le riff de guitare wah-wah de "I’ll will be your witness" du précédent album). Très chouette ! Son meilleur titre est incontestablement le turbulent "one with everything" qui flirte avec le hard-prog : le break central inondé des claviers tonitruants de Gowan est purement fabuleux !! L’album s’achève par le court et inintéressant "genki des ka", du genre "aku aku" de "Pieces of eight", vous voyez le truc ? Hormis cette faute de goût, "Cyclorama" augure du meilleur pour Styx qui a trouvé en Sanctuary Records un partenaire de choix. En effet, pour la première fois depuis bien longtemps, Styx a été libre de composer comme bon lui semblait, sans chercher le "hit" à tout prix. Styx prévoit de tourner avec Kansas et John Waite en lever de rideau. Viendront-ils en France ?
Hubert Allusson
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