Ultime Atome : Dark Visions (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°47)
Il aura fallu attendre 2 ans pour que ce groupe issu de la région parisienne sorte enfin son premier disque comme prévu chez Musea. En effet après une première démo sortie en 1999, saluée par la critique et notamment par Philippe euh Lad, Vallespir ou alors Vallin ; allons Philippe, pourquoi tout ce mystère autour de ton nom ; ah sacré Philippe !!! Cette démo ne comportait qu’un seul titre de 22 minutes : "battlefield", titre présent sur l’album. Donc 4 titres dont 2 de 22 minutes et 14 minutes ("meine libe" !!) pour une durée totale de 55 minutes. La composition du groupe est tout à fait classique : Jean-marc Trisorio au chant, Isabelle Descamps aux claviers, Walter Ginanneschi à la guitare, Bruno Vente à la basse et enfin Patrick Delmas à la batterie. La musique est vraiment originale car c’est un mélange de rock progressif, de gothique et de doom : progressif dans la constitution des morceaux, les nombreux changements de rythme et le chant ; le doom pour le rythme lent et pesant qui me rappelle un excellent groupe anglais : Candlemass ; et le gothique pour l’utilisation des claviers et les ambiances créées. Eh oui c’est possible et ils l’ont fait !!! Le chant est omniprésent et fait penser à un mélange de Fish et de l’excellent chanteur de Red Jasper : Davey Dodds ; c'est-à-dire très théâtral et expressif. J’adore ce genre de chanteur. La pièce de résistance de l’album reste cette longue suite de 22 minutes dans le pur esprit progressif avec de nombreux breaks et plein de trouvailles, mais un progressif résolument moderne et original grâce à cette fusion avec le gothique et le doom. Les guitares sont le plus souvent utilisées en mode de distorsion ou overdrive avec plein d’effets dessus : chorus, delai, phaser ou flanger. L’adjonction de chœurs donne un côté épique à la musique. Bien sûr le chanteur s’en donne à cœur joie, multipliant les changements de voix, un coup très émotionnelle, un coup plus sombre, mélancolique et plaintive ou la transformant en rajoutant des effets sur son micro. Comme je le disais plus haut, son chant est très expressif. Je suis curieux de voir si sur scène il est autant théâtral visuellement parlant. Les claviers sont le plus souvent sous forme de nappes, créant des des ambiances sombres, souvent inquiétantes et très prenantes un peu comme tous ces groupes de dark gothique, ce qui le marginalise complètement du mouvement néo progressif. Bien sûr ça sent le Marillion de "Misplaced childhood" ou de "grendel" surtout lorsque le son de guitare est clair, rappelant beaucoup celui de Steve Rothery et aussi lors de passages plus atmosphériques avec ses sons de cymbales et de guitares trafiquées. La section rythmique est sans reproche avec mention spéciale pour le bassiste. Elle est vraiment carrée et pourrait gagner en originalité et se lâcher un peu plus. Elle pèse peut-être assez sur la musique. Vraiment un morceau de bravoure épique et monumental. "Meine libe" d’une durée de 14 minutes est du même niveau, avec les mêmes caractéristiques et toujours cette fusion qui lui confère toute son originalité. Les 2 derniers morceaux sont plus courts mais quand même 8'39 pour "eternal warrior" avec un magnifique solo final, plein de puissance et 9'46 pour "dreamland" avec son final ressemblant beaucoup à certains de Marillion et restent dans la même veine que les 2 précédents avec peut-être un peu moins d’inventivité et de créativité. Pour conclure voici un groupe avec une forte personnalité malgré quelques rapprochements avec Marillion et qui a su renouveler le néo progressif en y ajoutant des influences dark et doom, créant ainsi une musique vraiment étonnante. Donc un excellent disque et un groupe à surveiller de près. Remy Bessouat |