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Chère Kobaienne, cher Kobaien,
Voilà exactement 23 années que j'attends cet instant ! Pensez donc, voir Magma sur scène à l'âge de 16 ans. Comment oublier ce moment de pure folie, d'exaltation musicale et ces chants d'une beauté et d'une violence intense !
Depuis cette année 76, je voue une attention admirative pour Christian Vander et un amour quasi panthéiste pour Magma.
Grâce au label Seventh Records, voilà que cette longue attente se termine enfin.
Un martèlement tellurique soutenu d'un moog au son strident et nous voilà parti pour "defutura" bizarrement moins rapide que la version studio. Je dis bizarrement parce qu'en fait sur scène on a plutôt tendance a booster les tempos ! Pour la plus grande joie des fanatiques de Zeuhl music enfin nous est gravé un solo de batterie. Dans une interview Vander disait : "chaque coup de cymbale est un spectateur mort". D'une puissance d'éruption hors du commun; véritable catalyseur de rythmes et de tourneries infernales poussés jusqu'à l'ultime cri. Vander chantant en harmonie avec sa batterie Gretsch afin de mieux célébrer l'universelle beauté de la musique.
Pour la suite, les habituels "kontharkosz" au charme absolu et le puissant "mekanïk destruktïw kommandöh", évidemment ce sont les pièces maîtresses ! Je regrette quand même leur emploi systématique au détriment de chefs-d'oeuvre tels : "zombies" ( véritable transe, pas besoin d'ectasy ou de farine légère), "weidorge" ou "coltra ne Sundïa".
Le line-up de ce CD est similaire au concert grenoblois auquel j'ai assisté. Seul différence au niveau des bassistes, ce n'est pas Janik Top qui officie ici mais l'inspiré Paganotti. Etre musicos pour Magma représente certainement LA consécration ultime, mais aussi une implication corps et âme. Loin, très loin des structures harmoniques habituelles, des musiques standards en suite d'accords dits logiques. L'imaginaire Vandérien est surtout composé d'une écriture en plusieurs séquences hypnotiques. Les tempos sont le plus souvent élevés, la basse ayant ici une place primordiale. Les thèmes sont souvent amenés par le piano Fender Rhodes accompagné d'un second claviériste jouant à peu près la même partition mais à l'octave supérieure.
Le jeu de guitare étant absolument free, pas de riff mais plutôt un contrepoint au chant toujours puissant de Klaus Blasquiz et Stella Vander. Il est d'ailleurs intéressant de noter que nombre de ces musiciens se retrouvent aujourd'hui chez quelqu'un plus vrai que nature ( Francis Cabrel ). Puisqu'il est question de poète, j'aimerai une fois n'est pas coutume, vous faire part de l'extrait d'une poésie écrite par Jean-Pierre Chambon tiré du livre "Le territoire aveugle" (Gallimard) : "Une basse continue livre le paysage à la dictée haletante du temps. Un rythme pour un instant raccorde tout ce qui dans la durée se fuit obstinément. Cinq doigts désarticulent le présent au bord de cette écoute, le long de cette pluie de nerfs obliquement tendue entre le miroir foudroyant et son écho ressassé (électrique boule de bruit),..." Texte qui sied parfaitement à Paga, le bassiste qui déplace des montagnes, son solo dans "mekanik" est à tout point remarquable, quelle violence ! (La violence étant bien sûr seulement autorisée dans la musique! ).
Pour boucler cet article quelle meilleure fin pourrais-je trouver que de vous annoncer la sortie d'un CD 2 titres qui laisse présager un album pour la rentrée ? En attendant, je vous propose de réviser en lisant ou relisant le livre d'Antoine De Caunes sur Magma paru chez Rock and Folk.
"Dis Antoine, à quand un retour pour une émission de rock à la TV ?".
Jo Drogo
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